Le Gr223 de Gouville-sur-Mer à Regnéville-sur-Mer

Sommaire

Le Gr®223, souvent appelé “Sentier des Douaniers” est un chemin qui permet de parcourir tout le littoral de la Manche soit près de 450 kilomètres. Autant dire que les possibilités sont nombreuses si l’on veut profiter des douceurs du bord de mer manchois. Au début de l’été, nous avons décidé de redécouvrir notre côte ouest en partant sur le GR®223 en trek, avec nos sacs à dos. Un bon moyen d’admirer les sublimes paysages de la Manche autrement. Je vous emmène ! 

Circuit du GR®223

Pourquoi choisir le GR®223 ? Après quelques recherches, il nous semblait évident de choisir ce parcours mythique, le “Sentier des Douaniers”, aussi appelé “Sentier du Littoral”. Il faut dire que ce GR® est idéal car il borde tout le littoral manchois et il offre de nombreuses possibilités. Il existe en tout 23 étapes officielles sur ce sentier, allant de 15 à 25 kilomètres. D’ailleurs, vous trouverez sur le site d’Attitude Manche le détail de ces étapes. 

Nous ne disposions que de quelques jours devant nous et n’avions pas d’idée de mon endurance et de mes capacités physiques. C’est pourquoi, nous avons planifié une marche courte d’une à deux journées, pas trop loin de chez nous mais nous permettant de redécouvrir notre région

Le GR®223 de Gouville-sur-Mer à Regnéville-sur-Mer

Entre cabines et dunes à Gouville-sur-Mer

C’est parti pour la première journée de ce trek sur le littoral de la Manche ! Au départ, nous devions faire le parcours du GR223 de Agon-Coutainville jusqu’à Regnéville-sur-Mer pour un total de 23 kilomètres environ. Nous avons finalement décidé de partir de Gouville-sur-Mer, ce qui nous a ajouté 9 kilomètres. Mon père nous dépose aux pieds des jolies cabines colorées de Gouville et c’est le grand départ. On sourit comme des enfants sans trop réaliser ce qu’on fait et les souvenirs à la fois éprouvants et magiques qu’on va bientôt se créer. 

Gouville sur mer

Dernier coup d’œil sur la carte avant de prendre la première étape à travers les dunes jusqu’à la cale de Blainville-sur-Mer. Appareil photo en main, je profite de mon énergie du début pour photographier le maximum de paysages. Il faut dire que le temps est avec nous et que les panoramas sont magnifiques. Les nuages de coton sont bien là et le ciel bleu lui aussi a décidé de nous accompagner. On entame quelques mètres dans le sable entre les cabines avant de traverser les dunes et ses petits trésors. Le sentier du GR®223 est extrêmement bien balisé. C’est vraiment un point à soulever parce qu’ on s’est fait la réflexion à plusieurs reprises sur le fait que c’était très facile de s’y retrouver sans la carte tant les tracés sont présents.

Dans les dunes, on découvre la cabane Vauban nichée dans le sable. Les cabanes Vauban sont un réseau de postes de guet établis au 17ème siècle le long du littoral de la Manche. On en recense une quarantaine dans la Manche même si seule une douzaine sont encore visibles. D’ailleurs, la plus connue reste la cabane Vauban située à proximité de Granville, dans les falaises de Carolles sur mer. 

Poursuivre sur le GR®223 de Blainville-sur-mer à Agon-Coutanville

Arrivés à la lisière de Gouville sur-Mer et Blainville-sur-Mer, il nous faut bifurquer en direction de la route. Pour rejoindre Agon-Coutainville, il faut marcher quelques mètres le long de la grande route touristique. Longez la zone ostréicole jusqu’au carrefour permettant de rejoindre La Cale. La Cale de Blainville-sur-Mer, c’est aussi le nom d’un petit restaurant très connu des locaux.

C’est également à la Cale de Blainville-sur-Mer qu’on peut déguster les délicieuses huîtres du Père Gus. Cette exploitation ostréicole familiale offre également un lieu chaleureux tout en déco naturelle pour se régaler de fruits de mer. 

Nous traversons donc au milieu des tables du restaurant La Cale pour rejoindre le chemin des dunes qui mènent jusqu’au centre-ville d’Agon-Coutainville. Les paysages sont très beaux ici encore. La mer est d’un bleu infini et contraste avec le blanc du sable. Les oyats dansent dans le vent et de jolies fleurs roses nous montrent la voie à suivre. Il nous faut encore marcher quelques mètres dans le sable ce qui est plus coûteux en énergie et en muscle mais tout aussi agréable grâce à la beauté des panoramas autour !

Agon Coutainville

Le GR®223 à Agon-Coutainville : du centre jusqu’à sa pointe

Nous voilà arrivés à Agon-Coutainville et c’est la belle poulette qui nous accueille à l’arrivée ! Située au bout de la digue d’Agon-Coutainville, la cabine de La Poulette s’accroche aux dunes depuis 1926. C’est la dernière des cabines qui a résisté aux tempêtes ici. Arrivés sur le béton de la digue, il nous faut remettre le masque. Drôle d’époque n’est-ce-pas ? Qui eût cru qu’un jour on devrait randonner sac sur le dos et masque sur le visage en bord de mer ? D’ici, le GR®223 longe toute la digue jusqu’à l’école de voile d’Agon. Le vent est toujours aussi puissant et les kitesurfeurs se sont invités sur la plage.

A partir de l’école de voile, les premiers signes de fatigue et quelques douleurs se font sentir, on atteint les 10 premiers kilomètres ! Les paysages sont ici tellement apaisants qu’ils me font oublier mes quelques faiblesses aux genoux et aux hanches. J’ai toujours aimé cet endroit d’Agon-Coutainville. Après l’école de voile, rares sont les marcheurs et le calme règne en maître. Le coin est plus sauvage avec quelques coquelicots qui virevoltent au son de la mer. On continue encore jusqu’à atteindre les dunes sauvages qui précédent la Pointe d’Agon-Coutainville. C’est ici que notre première pose s’impose pour un déjeuner sur le pouce. Après avoir marché bras au vent depuis Gouville-sur-Mer, il est temps de se couvrir car le vent souffle fort.

La Pointe d’Agon-Coutainville : un air de bout du monde

On fait le plein d’énergie avant de repartir et d’atteindre la petite forêt de pins qui annonce l’arrivée à la Pointe d’Agon-Coutainville. L’endroit est vraiment paisible et les lumières sont magnifiques. La météo est parfaite pour notre arrivée à la Pointe, nous offrant un panorama de folie sur le phare et son chapeau rouge. J’aime infiniment cet endroit et je suis très heureuse de le redécouvrir d’un point de vue particulier, en challenge avec moi-même.

Agon Coutainville

Marcher au coeur du havre de la Sienne

Ça y est, il est temps d’entamer la traversée du Havre de la Sienne. Depuis la Pointe d’Agon-Coutainville, on voit parfaitement notre point d’arrivée : Regnéville-sur-Mer. C’est un peu déroutant de voir Regnéville-sur-Mer de si près et se dire qu’il nous faut faire tout le tour pour atteindre le centre-ville. Depuis la Pointe d’Agon-Coutainville, seuls 1.7 kilomètres séparent la Pointe de Regnéville-sur-Mer par l’eau tandis qu’on doit parcourir environ 17 kilomètres en contournant le havre.

A partir d’ici, le temps se couvre légèrement et la fatigue commence à se faire ressentir. On continue sur le GR®223 qui nous amène au milieu des prés aux côtés des moutons. C’est un peu surprenant au début ! On se demande si on a bien suivi le bon chemin. Finalement, c’est vraiment chouette de marcher dans ces grands espaces avec les moutons en liberté.

Havre de la Sienne

On continue à longer le havre jusqu’à rejoindre le Pont de la Roque.  Avant ce dernier, on doit de nouveau rejoindre le banc de sable au milieu des moutons. Ici, c’est encore plus sauvage ! On croise un couple de particuliers qui vient nourrir les moutons et on doit à deux reprises passer par des petites échelles aménagées pour passer les barrières. Ça y est, on atteint le Pont de la Roque !

Le Pont de la Roque se situe sur la route de Coutances à Montmartin-sur-Mer. C’est un petit pont avec une grande histoire ! Durant la Libération (et plus particulièrement l’opération Cobra), la stratégie des Alliés américains consistait à couper la presqu’île du Cotentin au niveau de l’estuaire de la Sienne. Pourquoi ? Pour prendre au piège les troupes allemandes postées au centre-ouest de la presqu’île. C’est pour cette raison que l’aviation américaine s’est acharnée pour détruire ce pont. Il constituait à l’ouest l’ultime possibilité de repli des troupes ennemies vers Granville, Avranches et la Bretagne. Plus de 20 bombardements ont été nécessaires pour détruire les 3 arches du pont ! C’est ici qu’on prend une longue pause qui est vraiment nécessaire. De mon côté, les douleurs se font ressentir et la fatigue est vraiment là.

Arrivée à Regnéville-sur-Mer

Après le Pont de la Roque, il nous faut contourner à droite pour longer de nouveau le Havre par l’intérieur. On se retrouve avec les moutons comme précédemment mais cette fois sur l’autre versant. Après quelques kilomètres le long des haies, on prend un chemin d’herbes hautes pour atteindre l’intérieur des terres. C’est une lutte de chaque instant de mon côté pour cette dernière étape. Le temps se couvre de plus en plus et lorsqu’on finit par atteindre Regnéville-sur-Mer, la pluie s’invite en route ! 

Le camping municipal : spot de charme avec vue

On arrive finalement peu après 19h au camping municipal de Regnéville-sur-Mer. On est trempés et épuisés. Personnellement, mes jambes ne me tiennent plus, les 2 derniers kilomètres ont été extrêmement difficiles, j’ai puisé dans mes dernières ressources, mentalement aussi. Nous avions prévu de monter la tente que Tanguy a porté sur le dos toute la journée. Finalement, on est tellement à bout de force qu’on décide de se laisser tenter par une nuit en caravane aménagée. Nous les avions déjà repérées lors de précédentes balades et sur Internet. Ca nous arrange plutôt bien de ne pas avoir à monter la tente sous la pluie et surtout, de ne pas avoir à la replier mouillée le lendemain. Finalement, après l’averse, nous avons droit à de magnifiques éclaircies pour profiter de la soirée !

Les gérants nous accueillent avec le sourire malgré la pluie et notre heure d’arrivée un peu tardive. Le camping municipal de Regnéville-sur-Mer est vraiment très chouette. Il se situe juste au bord du havre offrant un point de vue panoramique. Vous y trouverez des tentes de glamping (camping glamour) aménagées, des tentes simples avec lits de camps pour les randonneurs, des espaces pour vans, camping-car, tentes, caravanes mais aussi les adorables caravanes bleues.

Il y a aussi le refuge, un local aménagé chaleureusement pour se poser, échanger, se reposer. On y trouve une mini cuisine et une bibliothèque avec une chouette vue sur le havre. Après une longue douche chaude, on rejoint notre petite caravane aménagée. Quel charme ! Nous avons la plus petite et la plus isolée avec un magnifique point de vue. La caravane est décorée avec soin dans un style très cosy tout en bois. On est ravi d’avoir un vrai lit douillet pour ce soir et la vue depuis l’intérieur est magique. Il est temps de se poser et de reprendre des forces en profitant du coucher de soleil !

Le GR®223 de Regnéville-sur-Mer à Annoville

Réveil à Regnéville-sur-Mer

Après cette première journée de 32 kilomètres, on se réveille bien courbaturés ! Le paysage est magnifique au petit matin et le panorama sur le Havre est totalement différent de la veille. L’objectif aujourd’hui ?  Rejoindre les dunes d’Annoville où la famille nous attend. 7km pour clôturer cette petite aventure. On part de bonne humeur avec le soleil direction Hauteville-sur-Mer !

Depuis le camping de Regnéville-sur-Mer, on longe la route jusqu’à rejoindre Hauteville-sur-Mer. Le panorama en hauteur sur le havre de Regnéville-sur-Mer est vraiment beau et sauvage. Après quelques kilomètres sur le plat, on entame une petite marche dans les dunes. Le temps est doux et frais à la fois, c’est vraiment agréable. On est seuls au monde et les paysages sont sublimes.

Après avoir traversé les dunes, on enchaîne avec le centre d’Hauteville-sur-Mer. Il nous faut longer toute la digue en front de mer, un peu comme à Agon-Coutainville. Après Hauteville-sur-Mer, on entre sur une partie des dunes d’Annoville, le temps se couvre et je traîne beaucoup du pied. On arrive au bout des 7 kilomètres !

Bilan de cette randonnée le long du GR®223

Je garde de très bons souvenirs de ces deux jours et j’ai hâte de retenter l’aventure ! J’ai clairement envie de poursuivre l’aventure en essayant de nouvelles étapes. Je vous conseille d’effectuer 15 à 20 voire 25 kilomètres par jour maximum pour en profiter pleinement. Et surtout si vous avez mal ou que vous devez raccourcir voire abandonner : s’arrêter n’est pas un échec ! C’est l’occasion de réessayer en mieux.

Je vous souhaite de vivre ces moments qui sont totalement différents d’une petite balade ordinaire. On redécouvre totalement les territoires que l’on traverse. Le balisage du Gr®223 est extrêmement bien fait, ce qui est vraiment pratique pour ceux qui n’auraient pas de carte précise. Vous retrouverez toutes les étapes possibles du GR® sur Internet et n’hésitez pas à les modifier légèrement ou les adapter !

Informations pratiques

Trek ou randonnée ?

La nuance entre trekking et randonnée est mince et tout le monde n’utilise pas ces termes de la même façon. Globalement, la différence tient au temps passé à marcher, mais aussi au fait de dormir sur le chemin ou non. De notre côté, nous parlons de trek puisqu’il s’agissait pour nous de partir sur des durées de marche de 6 à 8h avec une nuit de camping. Nous avions nos deux sacs à dos de voyage avec le nécessaire pour dormir en tente une nuit sur le parcours.

Sac à dos : nourriture, eau

Étant donné que nous partions deux jours, les préparatifs ont été assez brefs. Nous n’avions pas besoin de prévoir trop de provisions, notamment alimentaires. Pour nous faire plaisir, nous avons décidé d’acheter uniquement du fromage et du saucisson (pour le soir), un cake salé au chorizo et des cookies façon granola énergétique faits maison. En plus, nous avions prévu quelques pommes, un sac de fruits secs et un sachet d’amandes. Nous avions chacun une grande gourde d’eau complétées par des poches d’eau dans nos sacs à dos. Pour ce qui est du sac, Tanguy portrait 13 kilos et 10 kilos pour moi sans compter mon appareil photo en bandoulière (évidemment!).

Où dormir ?

Concernant la nuit de camping, nous avons décidé de prévoir en amont à cause du couvre-feu dû à la pandémie. Au départ, nous voulions faire du camping sauvage mais avec la COVID-19, c’était compliqué. De plus, l’objectif est surtout de respecter notre environnement et le littoral donc il était hors de question pour nous de nous installer n’importe où. 

Retrouvez le guide de cette randonnée sur le GR223 à épingler sur Pinterest

Cet article a 2 commentaires

  1. Germaine Marie Hélène

    Très beau récit et belles photos. Nous faisons beaucoup de randonnées mais jamais avec des nuits. On devait faire St Jacques de compostelle mais maintenant un peu tard . Dans la Manche il y a de super balades à faire.

    1. Léa G.

      Merci beaucoup Marie Hélène. C’est super que vous pratiquiez autant la randonnée. Une en particulier à me conseiller ? 🙂 Saint Jacques de Compostelle ça donne envie. C’est vrai qu’on a beaucoup de chance. Ici, il y a de nombreuses possibilités avec de superbes paysages et des tracés bien aménagés !

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